Signature de Mémorandum d'entente entre le Conseil de l'Entente et la fondation Mo Ibrahim

SIGNATURE DE MEMORANDUM D’ENTENTE ENTRE LE CONSEIL DE L’ENTENTE ET FONDATION MO IBRAHIM


1 - Allocution de Son Excellence Dr Patrice KOUAME Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente à l’occasion de la signature d’un protocole d’accord avec
la Fondation Mo Ibrahim, le 15 mars 2019


Je voudrais saluer Monsieur Abdoulie Janneh, Directeur Exécutif de la Fondation Mo Ibrahim, et lui souhaiter la bienvenue à Abidjan, au siège du Conseil de l'Entente.
Je voudrais, Mesdames et Messieurs, vous adresser nos sincères remerciements pour votre présence à cette cérémonie. Créé en 1959, le Conseil de l'Entente qui fêtera le 29 mai prochain son 60ème anniversaire, est l'Organisation pionnière de coopération en Afrique de l'Ouest. Il regroupe cinq pays liés par l'histoire, la géographie, et qui ont en partage plusieurs facteurs d'intégration : le Bénin, le Burkina, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Togo. C'est la matrice d'où sont nées de façon graduelle et par cercles oncentriques,
la plupart des Organisations de coopération d'Afrique de l'Ouest : l'Union Monétaire Ouest-Africaine et la BCEAO en 1962, la CEAO en 1973, la CEDEAO en 1975, I'UEMOA en 1994 et même Air Afrique, etc. Sa vocation est de contribuer à l'instauration d'un climat de paix dans son Espace de manière à favoriser le développement des pays membres.

Son environnement a bien changé depuis 1959. Aujourd'hui, avec la transition démocratique, l'extrémisme violent, la persistance de poches de pauvreté et d'exclusion, la problématique de la bonne gouvernance se situe au cœur de la gestion publique. Le Conseil de l'Entente se doit d'accompagner les Etats membres dans leur pilotage pour relever ces défis. Il se trouve que la Fondation Mo Ibrahim s'est investie dans cette cause de la promotion de la bonne gouvernance en Afrique. Pour ce faire, elle a mis au point des indicateurs de performances et produit chaque année un rapport sur les 54 pays Africains. Au fil des années, de par sa rigueur, son expertise et son professionnalisme, la Fondation a gagné en crédibilité et en notoriété. Aussi, le 11 juillet 2016 à Niamey, lors de leur Troisième Sommet après la
réforme, les Chefs d'Etat du Conseil de l'Entente, ont décidé d'adopter l'Indice Mo Ibrahim pour l'évaluation de la gouvernance dans les pays membres, traduisant ainsi leur volonté d'une gestion publique transparente et efficace. C'est la première fois, à notre connaissance, qu'un groupe de pays, en plus du MAEP, se réfère explicitement à l'Indice Mo Ibrahim pour évaluer la gouvernance dans leur espace. Depuis, plusieurs Chefs d'Etat ont exprimé le besoin de renforcer les capacités des cadres des services publics dans ce domaine. Il nous fallait nouer des relations formelles avec la Fondation Mo Ibrahim pour répondre à ces préoccupations de nos Etats. Après plusieurs échanges, nous sommes parvenus à la signature d'un Protocole d'Entente aujourd'hui au siège du Conseil de l'Entente à Abidjan. Ce Protocole d'Entente donnera une plus grande visibilité à l'Espace Entente qui sera pris en compte dans le portail de données de l'Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique dans la catégorie des groupes de pays.

Il permettra d'organiser conjointement des séminaires sur la gouvernance au profit des Etats membres, etc. Je voudrais pour terminer, à travers vous, Monsieur le Directeur Exécutif, renouveler nos remerciements à la Fondation Mo Ibrahim pour son dévouement à l'Afrique et sa marque de confiance au Conseil de l'Entente. Monsieur Janneh est arrivé de New York à 10 h 20 à Abidjan ; il reprend l'avion tout à l'heure pour Dakar. Nous lui souhaitons bon retour. Vive la coopération Sud/sud ! Merci.

2 – Le mot de M. Abdoulie Janneh (Directeur Exécutif de la Fondation Mo Ibrahim)

Monsieur le Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente, Je voudrais exprimer toute ma joie d’être ici présent pour prendre part à cette cérémonie de signature de protocole d’entente entre le Conseil de l’Entente et la Fondation Mo Ibrahim. Je voudrais dire quelques mots sur l’objectif de ce protocole, même si vous en avez déjà parlé dans votre allocution. Ce Protocole s’est donné suite aux propositions des chefs d’Etat. Car pour la première fois en Afrique, un groupe de chefs d’Etat a montré son intérêt pour
la gouvernance politique et économique dans leur espace politique. Dans leur souci et leur détermination, non seulement de confirmer leur attachement à la promotion de la bonne gouvernance, mais aussi essayer de mettre en place un système de monitoring et d’évaluation. Et je crois que c’est sur cette base que nous sommes parvenus à ce cadre de dialogue. Et je crois que c’est important et pour cela, l’on doit féliciter et remercier nos chefs d’Etat. Le président Alassane Ouattara et ses pairs sont tous derrière cette initiative parce que c’était leur décision. Donc pour la Fondation Mo Ibrahim, nous sommes fiers d’être vos partenaires pour donner cette substance à la volonté des chefs d’Etat pour promouvoir la gouvernance dans notre espace politique. Comme vous le savez, cette fondation a été créée en 2006 à l’initiative de MOHAMED Ibrahim, Soudano-Britannique, qui veut promouvoir la gouvernance et le leadership sur le continent africain. Et nous le faisons à travers plusieurs initiatives. On est connu par le prix qu’on attribue aux chefs d’Etat qui sont au pouvoir et avec cinq millions (5.000.000) de dollars, c’est le plus grand prix au monde, c’est même plus que le Prix Nobel. Nous donnons aussi des stages à des jeunes africains, nous organisons un forum chaque année. Et cette année, nous allons le faire ici en Côte d’Ivoire, pour débattre d’un thème d’importance pour l’Afrique. Cette année, c’est sur le thème du travail et de la mobilité. Et là, nous aurons l’occasion d’en parler plus largement. Mais pour nous, l’initiative la plus importante dans laquelle votre nation est impliquée, c’est la production de l’indice du développement en Afrique qui couvre 54 pays africains.

Cet indice repose sur quatre (4) thèmes : sécurité et état de droit, participation et droits de l’homme, développement économique durable et développement humain.

Ensuite, nous avons 14 dots et 116 indicateurs. Donc, c’est le jeu de données le plus complet et le plus compréhensible en Afrique. Et cela donne la possibilité aux gouvernements de comprendre où leur politique les mène. Et nous disons que les données dont nous disposons ne viennent pas de nous. Il y a des gens, des structures qui nous les fournissent. Pour chaque indicateur, nous avons au moins trois fournisseurs de données. Et dans cette approche, il n’y a aucune institution qui domine. Et c’est cet indice que nous sommes en train de mettre à la disposition des gouvernements. Il y a un classement, mais ce n’est pas le plus important. Jusqu’ici, on faisait ce classement uniquement avec les Etats. Mais pour la première fois nous avons une institution sous-régionale qui accepte qu’on le fasse sur une base sous-régionale. C’est très important, parce que cela donne la possibilité à certains Etats de voir où ils en sont, pour comparer leurs performances avec les autres Etats. Et on doit féliciter nos chefs d’Etat du
Conseil de l’Entente d’avoir accepté cette collaboration. Je voudrais donner cette assurance au Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente qu’on fera tout pour vous appuyer. On a vu tous les domaines dans lesquels on doit collaborer, vous avez déjà précisé cela. Cet échange, c’est surtout d’évaluer chaque année les performances de cette
sous-région, sur la base de ces données-là. On va organiser des séminaires ensemble, on va étudier les données ensemble, on va voir les comparaisons entre les pays. C’est le début, on va voir si c’est utile. J’ose croire que vous croyez avec moi que c’est une bonne initiative. Je suis content, je suis fier que vous ayez choisi la Fondation Mo Ibrahim et qu’on soit arrivé à ce stade où nous avons signé. Et maintenant, nous attendons la suite et c’est pour cela que je voudrais compter sur vous. Et pour terminer, monsieur le Secrétaire Exécutif, je voudrais vous remercier personnellement et vous féliciter. Parce que je me rappelle quand je suis venu ici, le chef de cabinet du président Alassane Ouattara m’a rappeler que les chefs d’Etat du Conseil de l’Entente avaient pris cette décision. Et il m’a dit, il y a un ancien ministre, Patrice Kouamé, je vous donne son numéro de téléphone. Appelez-le pour voir s’il est disposé à vous recevoir. Je vous ai appelé et vous m’avez dit ‘’venez tout de suite’’. C’est le début de cette collaboration. Donc, vous avez montré pour moi votre engagement personnel pour que cette initiative soit utile pour la sous-région et se concrétise la décision des chefs
d’Etat. Je vous remercie, je vous félicite. Et comptez sur notre collaboration.


Les éléments de l’indice Mo Ibrahim pour la gouvernance :

1. La gouvernance politique

Pour l’évaluation de la gouvernance politique, Mo Ibrahim retient 5 indicateurs, chacun étant noté sur 100.Ce sont : l’Etat de droit, la redevabilité, la participation, les droits humains et la parité. Quand on regarde les performances des pays de l’Espace Entente en 2018 par rapport à cette gouvernance politique, on constate que la moyenne des points est de 55,6%/100, contre 54 en 2017. Donc, il y a eu progression. Dans ce rapport 2018, en plus du score annuel, la Fondation a tenu compte des tendances sur la décennie 2008-2017. Quand on regarde l’espace Entente dans cette tendance 2008-2017, il y a eu un bond de 7 points. Donc, une progression de la gouvernance politique de 7 points sur la décennie. Et on remarque surtout que cette progression est tirée par la Côte d’Ivoire qui est en progression accélérée de 18,7 points. Ce qui fait que le pays affiche la plus forte progression en Afrique.

2. La gouvernance sécuritaire

Pour la gouvernance sécuritaire, Mo Ibrahim retient deux indicateurs, chacun noté sur 100 : sécurité nationale et sécurité individuelle. En 2018, le score au niveau du Conseil de l’Entente reste bon. Puisque nous avons une moyenne de 65/100. Mais évidemment sur la décennie, avec la menace terroriste, il y a un déclin, puisqu’on est à - 9 points.
Si nous prenons maintenant la gouvernance globale, dont le directeur exécutif a parlé tout à l’heure, et qui prend en compte quatre (4) composantes (sécurité - état de droit, participation et droit l’homme, développement économique durable, développement humain), nous voyons qu’au niveau de l’Espace Entente, la Côte d’Ivoire a fait un bond de 12 points sur la décennie. C’est la plus forte progression sur le continent. Car le pays passe du 22ème au 14ème rang. Nous n’inventons rien, ce sont les chiffres du rapport Mo Ibrahim. Et tout l’intérêt de l’exercice réside dans le fait que les pays peuvent consulter ces données, voir leurs positions et les améliorer.A notre niveau au Conseil de l’Entente, chaque année nous exploitons les données de ce rapport et nous les envoyons ensuite aux Etats membres. Afin qu’ils voient là où ils ont fait des progrès, et ce qu’il leur reste à faire. Si nous prenons les scores globaux en 2018, c’est-à-dire de tout le continent africain, les comparaisons sont établies par la fondation. Si on prend toute l’Afrique, elle est légèrement en dessous du seul de 50 points, soit 49,9/100. L’Afrique Australe est en tête de toutes les sous-régions avec 57 points. L’Afrique de l’Ouest vient en seconde position, avec 54,3 points. L’Afrique du Nord suit avec 49 point. L’Afrique de l’Est ensuite, avec 44,8 points et l’Afrique centrale avec 39,4 points. Si nous prenons l’Afrique de l’Ouest et que nous prenons les regroupements, c’est-à-dire les organisations sous-régionales, la CEDEAO, dont font partie aussi les pays membres du Conseil de l’Entente, la CEDEAO a 53,4 points. Le Conseil de l’Entente a 53,1 points, et l’UEMOA a 53 points. L’année dernière quand nous avions fait le point, le Conseil de l’Entente était loin devant les autres organisations sous-régionales. Il y a eu du progrès chez les autres parce que le Conseil de l’Entente a tiré les autres vers le haut.


Abdoulli Janneh (Fondation Mo Ibrahim)

Désormais, pour faciliter l’analyser des données, nous aurons, dans nos rapports complets, une session spéciale pour le Conseil de l’Entente.

Entretien avec un responsable de la Fondation Mo Ibrahim

(…) On voudrait le faire. D’abord, la liste qu’on est en train de faire, chaque fois qu’on publie l’index, on prend le rapport sur le pays, on essaie d’organiser un séminaire national. C’est-à-dire, un séminaire où le gouvernement participe, mais aussi la société civile, le secteur privé, pour qu’ensemble, on passe en revue la politique du gouvernement, à travers les activités gouvernementales. Et avec toutes les données à l’appui, parce que là, ce n’est pas une perception, mais la réalité. Et nous pensons que chaque action gouvernementale doit se baser sur des faits, sur des données. Donc, si les données montrent que la politique qui est en train menée est bonne, il faut saluer cela. Mais s’il y a des zones d’ombres, alors il faudra y apporter des changements. Il y a certains qui contestent cela. Mais nous disons que ce que nous disons est la vérité. S’il y a d’autres données qui disent que ce que nous disons est faux, alors il faut nous les montrer. Parce qu’ils y en a qui disent on n’est pas d’accord, mais ils n’ont pas les données fiables. Nos discussions sont axées sur des bases de données disponibles. Nous sommes l’institution qui fournit les données les plus crédibles. Nous ne les
élaborons pas nous-mêmes, mais nous les collectons auprès de plusieurs sources de données. Pour chaque indicateur, nous avons au moins trois sources
de données. Nos sources de données, c’est la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (Bad), c’est la Commission économique pour l’Afrique, il a plusieurs sources de données. Au total, nous avons trente-trois (33) sources de données. Donc, pour le moment, voici les données qui sont disponibles jusqu’à nouvel ordre. Donc, qu’on nous montre qu’il y a d’autres données. Donc, il faut renforcer les capacités de statistique, c’est important. Parce qu’on ne peut pas régler des problèmes, si on ne connaît pas leur ampleur réelle. Et le problème vient principalement des bases de données.


3 - IBRAHIM GOVERNANCE WEEK-END
Les 12e assises de la Fondation Mo Ibrahim ouvertes à Abidjan

Abidjan a accueilli du 05 au 07 avril 2019, le "Ibrahim Governance Week-end" (Semaine Ibrahim sur la Gouvernance), l’événement phare de la Fondation Mo Ibrahim.
De nombreux participants venant du monde entier ont pris part à ce « jamboree » dont les thèmes, d’actualités brulantes ont été froidement disséqués, analysés en vue d’approche de solutions. Ces thèmes touchaient la problématique de l’exode ou la migration, de la formation, de l’emploi des jeunes ; de la sécurité des personnes, de
l’extrémisme violent ; les nouvelles perspectives de développement ; la gouvernance et le leadership sur le continent, et tout cela dans un esprit d’indépendance de tout agenda politique des parties prenantes africaines. Le Président Alassane Ouattara, Mmes Ellen Johnson Sirleaf, ancienne Présidente du Libéria, Amina J. Mohammed Vice-Secrétaire générale, MM. Akinwumi Adesina, Président de la BAD et Ali Dangoté et bien d’autres figures du continent ont …… la plateforme "Mo Dialogue Avec…".
Le "Now Generation Forum" a rassemblé des porte-paroles de la jeunesse africaine pour traiter également de la problématique de la migration. Le Forum a vu la participation de personnalités politiques et de membres d’institutions internationales, du secteur privé et de la société civile. La session sur les réalités des migrations africaines s’est tenue sous la présidence de Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Groupe de haut niveau sur les migrations internationales en Afrique, ancienne présidente du Liberia,
lauréate du prix Mo Ibrahim. Un atelier sur le genre et le changement climatique a été l'occasion d'examiner des questions ainsi que les solutions viables visant à intégrer le genre dans les processus de planification du gouvernement et des entreprises, en vue d’une transition juste.


Mohamed « Mo » Ibrahim, né en 1946, est un milliardaire anglo-soudanais et entrepreneur dans le domaine des télécommunications. Il a travaillé pour plusieurs entreprises de télécommunication avant de fonder Celtel qui, à sa vente, comptait 24 millions d’abonnés au téléphone mobile dans 14 pays d’Afrique. Après la vente de Celtel en 2005, pour un montant de 3,4 milliards de dollars, il crée la Fondation Mo Ibrahim Rechercher Mo Ibrahim pour inciter à une meilleure gouvernance en Afrique, ainsi que l’Indice Mo Ibrahim, permettant d’évaluer annuellement la qualité de la gouvernance pour chaque pays africain. En 2007, il lance le Prix Mo Ibrahim Rechercher Mo Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique récompensant, par un paiement initial de 5 millions de dollars et un paiement annuel à vie d’un montant de 200 000 dollars, des chefs
d’État ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé, l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans leurs pays, et transféré démocratiquement leurs pouvoirs à leurs successeurs. 


Pour Salim Ahmed Salim, président du Comité d’attribution du Prix Ibrahim, ‘’même si les tendances générales sont positives, les divergences de performance que traduit l’IIAG 2014 sont un sujet de préoccupation. La solidité et le caractère durable de la prospérité future de l’Afrique dépendront de la capacité du continent à s’engager dans toutes les dimensions de la gouvernance, y compris sécurité et état de droit’’.


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